La Ferme du Tiolet

20/10/2011

Un peu d’histoire de la ferme du Tiolet1

Le hameau du Tiolet tire son nom des tilleuls qui y poussaient et dont la présence a subsisté jusqu’à la fin du XIXè siècle.  La forme ancienne du nom est Thillolet, Tiollolet ou Tilloloy .

Plan de la ferme et des terres en dépendant (1758)

Grande ferme de plaine, située aux confins des communes d’Autrêches, Nampcel et Audignicourt, le Tiolet était jusqu’à la Révolution, une dépendance de la ferme de Puiseux, également propriété de l’abbaye Notre Dame d’Ourscamp.

Le document le plus ancien concernant le Tiolet est un parchemin vieux de plus de 600 ans conservé aux Archives départementales de l’Oise2.

D’autres documents, souvent difficilement déchiffrables, attestent des convoitises  que suscitaient les terres fertiles du Tiolet mais permettent aussi de connaître les dynasties familiales qui s’y sont succédé.

Un plan de la ferme et de ses terres a été dressé peu avant le renouvellement du bail en 1760 aux époux Quéquet-Lebrasseur, derniers fermiers de l’ancien régime. A cette date le loyer à payer aux religieux d’Ourscamp s’élève à 550 livres tournois, 150 setiers de blé « bon et loyal grain sain et sec » mesure de Noyon et 200 gerbes .

Sous l’ancien régime, les fermiers du Tiolet comptent parmi les notables d’Autrêches. Comme tels, certains sont enterrés à l’intérieur de l’église.

Devenue bien national lors de la Révolution, la ferme, ses 511 essins et 19 verges de bonnes terres sont estimées puis vendues en 1791 pour 100 100 livres à l’exploitant de la ferme de l’Epine à Vivières.  De nombreuses réquisitions se succèdent pour alimenter en grains les armées révolutionnaires et les villes .

En 1871, c’est à l’armée prussienne qu’il faut fournir 2800 kg d’avoine, 1320 kg de paille et … une pièce de vin.

Au XIXème siècle, des générations de Flobert se succèdent à la tête de l’exploitation. L’un d’entre eux Charles-Félix est maire d’Autrêches et conseiller d’arrondissement.

Arrive le XXème, sa révolution agronomique et la Grande Guerre. Située dans les lignes allemandes et occupée par des batteries d’artillerie, la ferme est rasée et les terres dévastées. La ruine est totale mais le Tiolet va renaître. La ferme est reconstruite en modifiant sa disposition mais la bâtisse est du même type que la précédente. Le puits est toujours au milieu de la cour de la ferme et il faut toujours chercher l’eau à 70 mètres de profondeur…

Des hommes particulièrement courageux s’attèlent à la remise en culture que beaucoup croient perdues à tout jamais. Dès 1921, 4 maisons abritent 20 personnes travaillant sous la conduite d’un chef de culture venu du Nord. Celui-ci, cède les rênes à Gérard Vandame, originaire du Nord lui aussi. En 1936, la reconstitution est presque achevée, le hameau comporte 6 maisons habitées par 32 personnes. On y dénombre les 10 membres de la famille Vandame et 6 ménages, tous Polonais. La page est tournée lorsque vers 1942, G. Vandame quitte la ferme et y est remplacé par le jeune Bernard Lefevre et ses parents4 qui cultivaient déjà la ferme du Bout de Vaux.

Vaste exploitation, avec les terres de l’ancienne ferme du Bout de Vaux et avec la Grange des Moines, le Tiolet poursuit son existence plus que millénaire . Il constitue avec les maisons qui bordent la ferme un hameau où vivent une vingtaine de personnes .

Rémi Hébert

1 Cet article est un résumé d’une étude plus complète, communicable sur demande adressée à l’auteur :  occulus3000@gmail.com .

2 AD 60 ; H 4176

3 AD 60 ; plan 941

4 Louis, Désiré, Gabriel (dit Gustave) Lefèvre, parrain de la cloche de l’église d’Autrêches qui « CHANTE LA PAIX en souvenir des morts du village et de tous les soldats qui y sont tombés au cours de la Grande Guerre ».